Rapport sommaire : Arguments en faveur d’un partenariat stratégique entre le Canada et les Philippines : faits saillants de la tournée canadienne de Richard Heydarian, chercheur invité de la FAP Canada pour l’Indo-Pacifique

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La Fondation Asie Pacifique du Canada a accueilli Richard Heydarian, éminent politicologue, auteur et commentateur philippin, pour une tournée d’une semaine au Canada, du 8 au 15 septembre 2025. Dans le cadre du programme de chercheurs invités de la FAP Canada pour l’Indo-Pacifique, M. Heydarian a présenté au public canadien une perspective sud-asiatique sur l’évolution de l’ordre régional, l’avenir de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et l’importance croissante des relations entre le Canada et les Philippines.

Richard Heydarian est largement reconnu comme l’une des voix les plus influentes d’Asie du Sud-Est en matière de géopolitique et de politique étrangère. Son expertise couvre les relations étrangères des Philippines, la mer de Chine méridionale et la dynamique élargie de la sécurité dans l’Indo-Pacifique. Sa consultation a marqué la première fois que le programme de la FAP Canada mettait à l’honneur un universitaire d’Asie du Sud-Est, après la première tournée canadienne en mars 2025 de C. Raja Mohan, Ph. D., expert indien de premier plan en géopolitique et politique étrangère.

Au cours de la semaine, M. Heydarian a rencontré des décideurs politiques, des universitaires, des journalistes et des communautés de la diaspora à Vancouver, Winnipeg et Ottawa. À travers une série de conférences publiques, de tables rondes et de dialogues privés, il a offert des perspectives nuancées de la trajectoire des Philippines, de l’évolution du rôle de l’ANASE et des opportunités pour le Canada de renforcer son engagement en Asie du Sud-Est.

Aperçu des événements et des engagements

  • La tournée canadienne de M. Heydarian a débuté à Winnipeg, où il a donné une conférence publique à l’Université du Manitoba, co-organisée par la FAP Canada et le vice-président de la recherche et du bureau international de l’université. Dans son exposé intitulé « Le partenariat Canada-Philippines dans un monde en mutation », M. Heydarian a fait valoir que le Canada et les Philippines sont tous deux des « puissances moyennes négligées » qui doivent composer avec les pressions exercées par la concurrence entre les grandes puissances. Il a appelé à faire passer les relations bilatérales « de l’affinité à la stratégie », suggérant que les liens enracinés dans la diaspora et les connexions culturelles devraient évoluer vers une coopération solide en matière de sécurité, de commerce et d’innovation, et a souligné le dynamisme économique des Philippines, leur démographie jeune et leur coopération croissante en matière de défense.
  • M. Heydarian a également rencontré des représentants du ministère des Affaires, des Mines, du Commerce et de la Création d’emplois du Manitoba. La conversation a porté sur le potentiel d’une coopération bilatérale accrue dans les domaines des minéraux critiques, de la diversification commerciale, de l’agriculture et de la mobilité de la main-d’œuvre. La réunion a souligné comment les gouvernements provinciaux tels que celui du Manitoba peuvent jouer un rôle direct pour façonner l’engagement du Canada dans la région indo-pacifique.
  • À Ottawa, M. Heydarian a rencontré les milieux diplomatiques et sécuritaires canadiens. Lors d’une table ronde organisée par Affaires mondiales Canada, il a souligné que l’ANASE restait essentielle pour faire progresser la résilience démocratique et la gouvernance maritime, exhortant le Canada à s’engager avec les Philippines en tant que partenaire stratégique. Il a salué la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique comme une étape significative vers un engagement régional plus profond et a souligné l’importance de veiller à ce que ses engagements soient maintenus. Il a notamment souligné que le prochain Plan d’action ANASE-Canada constituait une occasion cruciale de renforcer les liens non seulement avec les Philippines, mais aussi avec l’ANASE dans son ensemble, positionnant ainsi le Canada comme un partenaire plus crédible et plus cohérent en Asie du Sud-Est.
  • Lors d’une table ronde organisée par le ministère de la Défense nationale, il a souligné les partenariats croissants des Philippines en matière de défense et leur rôle dans des exercices multilatéraux tels que Balikatan, reflétant l’action commune du Canada et des Philippines, deux puissances moyennes, pour préserver un ordre fondé sur des règles. Il a souligné l’importance de faire progresser l’Accord sur le statut des forces armées entre le Canada et les Philippines afin de fournir un cadre plus solide pour la coopération bilatérale en matière de défense. Dans le contexte de l’évolution de la dynamique sécuritaire en mer de Chine méridionale et dans le détroit de Taiwan, il a souligné la nécessité d’une collaboration plus étroite afin d’améliorer la connaissance du domaine maritime et l’interopérabilité opérationnelle. Selon lui, ces efforts renforceraient non seulement la capacité des Philippines à défendre leurs droits maritimes, mais ouvriraient également de nouvelles perspectives au Canada pour démontrer son engagement en matière de sécurité dans la région indo-pacifique.
  • À la Norman Paterson School of International Affairs de l’Université Carleton, M. Heydarian s’est entretenu avec des étudiants au sujet de la posture stratégique de l’Asie du Sud-Est, affirmant que les stratégies traditionnelles de couverture sont de moins en moins viables à mesure que la rivalité entre les États-Unis et la Chine s’intensifie. S’appuyant sur la bataille juridique menée par les Philippines au sujet du récif de Scarborough, il a souligné comment les petits États peuvent tirer parti du droit international – ou d’une « guerre juridique » – pour affirmer leur pouvoir d’action lorsqu’ils sont confrontés au comportement agressif des grandes puissances. Il a insisté sur le fait que les Philippines et le Canada ne devaient pas se considérer comme des pays « petits » ou périphériques, mais plutôt comme des acteurs capables de façonner l’ordre régional grâce à des partenariats stratégiques et à la coopération multilatérale. Dans le même temps, il a reconnu les défis auxquels est confrontée l’ANASE, soulignant que si les critiques la qualifient souvent de paralysée, cette organisation a historiquement exercé une influence considérable et doit être ravivée. Il a suggéré que l’ANASE pourrait explorer des arrangements plus souples — tels que « l’ANASE moins un » ou d’autres configurations variables — lorsque le consensus s’avère difficile à atteindre, en s’inspirant des leçons tirées de l’expérience de l’Union européenne, qui gère la diversité tout en maintenant la cohésion.
  • À Vancouver, M. Heydarian s’est joint à Tricia Yeoh, Ph. D. (Université de Nottingham en Malaisie; attachée de recherche supérieure de la FAP Canada) et à Kai Ostwald, Ph. D. (Université de Colombie-Britannique; attaché de recherche supérieur de la FAP Canada) pour un événement organisé par la FAP Canada sur le thème « Coopération Canada–ANASE à un moment charnière », animé par Vina Nadjibulla de la FAP Canada, qui traitait du rôle du Canada au sein de l’ANASE dans un contexte de tensions commerciales et de rivalité entre les États-Unis et la Chine. M. Heydarian a mis l’accent sur le programme des Philippines pour 2026, en particulier la sécurité maritime et le code de conduite en mer de Chine méridionale. Il a souligné que le Canada devait éviter de donner l’impression d’adhérer à un « double standard » dans l’application du droit international afin d’être considéré comme un partenaire crédible. Il a également insisté sur le fait que la crédibilité, la cohérence et la confiance seraient le véritable test du rôle du Canada, alors que l’ANASE recherche des partenaires stables et respectueux des principes dans une région indo-pacifique en proie à des turbulences.
  • Lors d’une table ronde au Centre for Southeast Asia Research de l’Université de Colombie-Britannique, qui a attiré un public composé principalement d’étudiants et de Canadiens d’origine philippine, M. Heydarian a mis en garde contre la tendance à « dramatiser » la situation aux Philippines, soulignant que si la corruption et les reculs démocratiques sont réels, le pays ne se porte pas beaucoup plus mal que d’autres démocraties à des niveaux de développement comparables. Il a également souligné l’importance de la manière dont les Philippines réagissent à la corruption, citant des exemples du monde entier où les gouvernements ont utilisé les allégations de corruption non pas pour promouvoir la responsabilité, mais pour consolider le pouvoir exécutif et écarter leurs rivaux politiques. M. Heydarian a également établi des comparaisons avec les Viet kieu (diaspora vietnamienne), qui sont devenus des investisseurs actifs dans le développement du Vietnam. Il a suggéré que cela pourrait servir de modèle aux Canadiens d’origine philippine : se considérer non seulement comme un pont vers le Canada, mais aussi comme des participants actifs à l’avenir des Philippines.
  • Sa tournée s’est terminée par une réception organisée par l’association des anciens élèves philippins de l’Université de Colombie-Britannique. À cette occasion, M. Heydarian a souligné que la diaspora philippine constituait un atout stratégique, décrivant les Canadiens d’origine philippine comme un « pont vivant » entre les deux pays, susceptible de catalyser le commerce, l’innovation et la diplomatie culturelle.
  • Au cours de sa tournée au Canada, Richard Heydarian s’est entretenu avec Vina Nadjibulla, vice-présidente, Recherche et stratégie, de la FAP Canada, pour un épisode spécial du balado Conversations Asie-Pacifique. Il a également participé à des discussions organisées en partenariat avec le Canadian Global Affairs Institute et Omni News. Leurs conversations ont porté sur le point de vue de l’Asie du Sud-Est sur l’évolution de l’ordre régional, le rôle changeant de l’ANASE dans la région indo-pacifique et les possibilités d’approfondir les relations entre le Canada et les Philippines à une époque marquée par une incertitude géopolitique croissante.

La tournée canadienne de Richard Heydarian en 2025 a permis aux Canadiens de mieux comprendre l’Asie du Sud-Est à une époque marquée par une incertitude géopolitique croissante. À travers ses conférences publiques, ses dialogues politiques francs, ses interventions dans les médias et ses balados, il a présenté des arguments convaincants expliquant pourquoi le Canada devrait renforcer son partenariat avec les Philippines dans le cadre de sa stratégie pour l’Indo-Pacifique.

En tant que premier chercheur invité d’Asie du Sud-Est à la FAP Canada, la tournée de M. Heydarian a démontré l’intérêt d’intégrer des voix régionales authentiques dans les débats canadiens. La trajectoire des Philippines, en tant que puissance moyenne montante, État de première ligne en mer de Chine méridionale et prochain pays président de l’ANASE, en fait un partenaire indispensable pour le Canada dans la construction d’un Indo-Pacifique plus sûr et plus prospère.

• Édition par Vina Nadjibulla, vice-présidente, Recherche et stratégie, FAP Canada; et Ted Fraser, rédacteur principal, FAP Canada.

Hema Nadarajah

Hema Nadarajah, Ph.D., est gestionnaire de programme, Asie du Sud-Est, à la Fondation Asie Pacifique du Canada. Elle est titulaire d'un doctorat en relations internationales de la University of British Columbia, où elle a effectué des recherches sur la gouvernance dans l'Arctique, le changement climatique et l'espace extra-atmosphérique. Mme Nadarajah est conseillère auprès du WWF et a travaillé auparavant pour le gouvernement de Singapour sur des questions de conservation de la biodiversité internationale et de changement climatique.

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