La politique d’Ottawa sur l’Arctique reconnaît les menaces que pourraient poser la Chine et la Russie

Vendredi dernier, Ottawa a dévoilé sa Politique étrangère pour l’Arctique, une stratégie diplomatique qui vise à « établir la souveraineté du Canada » dans la région, à établir des partenariats avec des alliés de l’extérieur de l’Arctique, comme le Japon et la Corée du Sud, et à surveiller les « menaces potentielles », y compris celles posées par la Chine et la Russie dans certaines régions de l’Arctique.

Dans le cadre de cette nouvelle politique, Ottawa nommera un nouvel ambassadeur aux affaires arctiques, ouvrira de nouveaux consulats en Alaska et au Groenland et entamera un dialogue sur la sécurité avec les ministres des Affaires étrangères des États aux « vues similaires » de l’Arctique.

Le gouvernement fédéral a octroyé un financement de 34,7 millions $ sur cinq ans à cette nouvelle politique, un montant relativement modeste par rapport à celui d’autres stratégies en matière de politique étrangère.

Le document de 14 000 mots « s’appuie sur les connaissances et les points de vue des peuples autochtones qui vivent dans l’Arctique » et « s’enrichit de ces connaissances et de ces points de vue », en plus d’être conçu pour compléter la mise à jour de la politique de défense d’avril 2024, qui prévoit 8,1 milliards $ CA en matière de défense au cours des cinq prochaines années.

Le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, pour sa part, a confié au Yukon News cette semaine que le « gouvernement canadien devra absolument veiller à ce que cette politique soit adéquatement financée ». L’élection fédérale qui aura lieu au plus tard en octobre 2025 soulève également des questions sur la durabilité politique de la politique.
 

Briser la glace avec Tokyo et Séoul

La politique fait référence à l’Arctique canadien et à l’« Arctique nord-américain » moins traditionnel, ce qui laisse entendre une responsabilité partagée entre le Canada et les États-Unis. Le document évoque également à maintes reprises les États-Unis, faisant valoir qu’Ottawa doit collaborer avec Washington pour « maintenir la sécurité du territoire nord-américain que nous partageons ».

Ottawa s’est également engagée à coopérer de façon pragmatique avec les États non arctiques, à savoir le Japon et la Corée du Sud, dans des domaines comme la sécurité maritime, la science et la technologie, le commerce ainsi que la pêche.

Le Japon et la Corée du Sud sont deux des treize « États observateurs » de l’extérieur de l’Arctique qui font partie du Conseil de l’Arctique, un groupe éclectique composé de la Chine, de l’Inde, de l’Italie et de l’Espagne, entre autres.
 

La Chine : un État « quasi arctique »

Le document de politique fait le point sur les « menaces potentielles » posées par Beijing et Moscou dans l’Arctique et fait référence à de récents exercices militaires conjoints menés dans le Grand Nord de la Russie, à des patrouilles réalisées dans les eaux internationales au large des îles Aléoutiennes et à la détection d’avions militaires russes et chinois par le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) alors qu’ils volaient dans la zone d’identification de la défense aérienne de l’Alaska. Ces exemples démontrent le renforcement de la coopération militaire entre la Chine et la Russie.

La stratégie pour l’Arctique de Washington, publiée plus tôt cette année, soutient que la Chine – qui s’est officiellement qualifiée d’« État quasi arctique » en 2018 – comprend l’Arctique « dans sa planification à long terme » et désigne la région comme un « patrimoine mondial » afin de faire pencher la gouvernance de l’Arctique en sa faveur. L’ambassade de Chine à Ottawa aurait utilisé cette tactique dans le cadre des critiques qu’elle a adressées à l’encontre de la politique sur l’Arctique du Canada la semaine dernière.