Le président américain Donald Trump a dévoilé hier son barrage mondial de tarifs douaniers. Il s’agit de l’effort le plus complet et le plus perturbateur à ce jour visant à « remanier » les relations commerciales des États-Unis et le système commercial mondial dans son ensemble.
La Maison-Blanche fait le pari que l’incertitude créée par la menace des droits de douane poussera les entreprises à se relocaliser aux États-Unis, ce qui relancera le secteur manufacturier américain et, dans la foulée, générera des recettes publiques pour compenser les réductions d’impôts. Le bien-fondé de cette approche sera mis à l’épreuve dans les semaines à venir, avec la hausse des prix et les premiers effets des droits de douane.
Les marchés ont réagi avec scepticisme aux politiques de Trump : mardi, l’indice S&P 500 a connu son pire trimestre depuis 2022. L’indice Russell 2000, qui regroupe des entreprises américaines plus petites et axées sur le marché intérieur, a chuté de 9,7 % au cours de la même période.
Les droits de douane dans le secteur automobile ébranlent le Japon et la Corée du Sud
En plus des droits de douane dits « réciproques » annoncés hier, Washington a imposé à minuit un tarif de 25 % sur les véhicules importés.
En 2024, les États-Unis ont importé pour 41 G$ de véhicules en provenance du Japon, soit le deuxième total le plus élevé de tous les pays, derrière le Mexique. Les importations américaines de véhicules en provenance de Corée du Sud se sont élevées à 38 G$.
Selon le quotidien japonais Asahi Shimbun, « le Japon s’inquiète de plus en plus de l’impact économique des droits de douane ». Le premier ministre japonais, Ishiba Shigeru, s’est engagé à prendre « toutes les mesures possibles » pour soutenir les entreprises touchées par les droits de douane américains et a laissé entendre qu’il pourrait retourner à Washington pour négocier directement avec Trump.
Environ la moitié des exportations de voitures sud-coréennes sont destinées aux États-Unis. Le ratio est beaucoup plus élevé pour General Motors Korea, qui emploie 11 000 personnes en Corée du Sud. Sans un allègement fiscal de la part de Séoul, l’entreprise pourrait être contrainte de déménager.
Le marché boursier sud-coréen a rebondi cette semaine, porté par la perspective d’une stabilité politique. Après des mois de drame et de retards, le plus haut tribunal du pays rendra son verdict sur le maintien ou le rejet de la destitution du président Yoon Suk-yeol vendredi matin (heure locale).
Lever les coudes ou baisser la tête?
Les négociations semblent stagner avec Washington; lorsqu’un droit de douane recule, il est remplacé par un autre. De tous les pays visés par les droits de douane, c’est le Canada qui a adopté la défense la plus virulente, une position probablement influencée par la volonté apparente de Trump d’absorber économiquement le pays. Les sondages indiquent que les Canadiens sont indignés par les menaces de Trump.
Des pays comme l’Inde et le Vietnam adoptent une approche expectative et restent pour la plupart silencieux. Hanoï, qui se targue d’un important excédent commercial avec les États-Unis, s’est montrée proactive en accordant des concessions aux États-Unis, y compris des réductions bilatérales préventives des droits de douane