L’Inde et la Chine devraient faire partie des principales priorités de M. Carney en Asie

Le Parti libéral de Mark Carney a obtenu un mandat minoritaire lors des élections fédérales canadiennes de lundi, un revirement de situation drastique pour un parti qui était en mauvaise posture il y a à peine quatre mois.

Dans l’Indo-Pacifique, M. Carney gardera vraisemblablement une certaine distance avec la Chine, renforcera la sécurité et les liens économiques avec des partenaires traditionnels comme le Japon, la Corée du Sud et l’Australie, et devrait rétablir la relation entre le Canada et l’Inde. M. Carney s’est engagé à limiter l’immigration et à rediriger les exportations destinées aux États-Unis vers l’Asie et l’Europe.

Le Parti libéral n’a fait allusion à l’Asie qu’une fois dans son programme électoral, s’engageant à « renforcer notre sécurité [et à] bâtir des liens plus solides avec nos partenaires en Europe et en Asie », tout en « profitant pleinement » des accords commerciaux existants, notamment l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, qui concerne principalement l’Asie.

Le Parti libéral a également promis de procéder à des examens de la politique étrangère et de la sécurité nationale, de conclure un accord commercial avec l’ANASE et de mettre sur pied une nouvelle facilité de crédit d’exportation de 25 milliards $ CA pour aider les entreprises canadiennes à conquérir de nouveaux marchés.

La présidence canadienne du G7 cette année est une occasion pour Ottawa de prendre les devants et pour Mark Carney de démontrer ses priorités en matière de politique étrangère. L’Australie, l’Inde et la Corée du Sud – présentes lors des derniers sommets du G7 – souhaitent vraisemblablement être invitées au sommet de cette année, qui se déroulera du 15 au 17 juin à Kananaskis, en Alberta.
 

Un relâchement des tensions entre le Canada et l’Inde?

Les « félicitations » les plus marquantes adressées à M. Carney proviennent du premier ministre indien Narendra Modi, qui a déclaré que « l’Inde et le Canada sont liés par des valeurs démocratiques communes, un engagement indéfectible envers la suprématie du droit et des liens interpersonnels dynamiques ». M. Modi a dit avoir hâte de travailler avec M. Carney pour « renforcer notre partenariat et créer de meilleures occasions pour nos peuples. »

Dans les derniers jours de la campagne, Mark Carney a qualifié la relation entre le Canada et l’Inde « d’incroyablement importante » tant sur le plan économique que stratégique et interpersonnel. Il a également dit que « le Canada cherchera à [...] diversifier nos relations commerciales avec des pays partageant les mêmes idées, et qu’il existe des occasions de rebâtir les relations avec l’Inde. »

En septembre 2023, le Canada a suspendu les négociations commerciales bilatérales avec l’Inde, qui stagnaient depuis plus d’une décennie. Après cette annonce, l’ancien premier ministre canadien Justin Trudeau a accusé l’Inde d’avoir pris part au meurtre de Hardeep Singh Nijjar, jetant un froid glacial sur les relations. Une année plus tard, en réponse à « une campagne ciblée contre les Canadiens menée par des agents liés au gouvernement indien », Ottawa a expulsé six diplomates indiens, incitant New Delhi à faire de même.

Un sondage d’Angus Reid, mené en partenariat avec la FAP Canada et publié en décembre 2024, a révélé que 64 % des Canadiens soutenaient un rétablissement « prudent » des négociations commerciales avec l’Inde.

Le premier ministre australien Anthony Albanese, lui-même en pleine campagne électorale, a également félicité M. Carney pour sa victoire. En mars, Mark Carney a annoncé les détails d’un partenariat de 6 milliards $ CA avec l’Australie pour construire un système radar capable de détecter « toute menace aérienne et maritime » dans l’Arctique.
 

M. Carney « lucide » quant à la Chine

Lors du débat des chefs en anglais, M. Carney a dit que la Chine représentait la plus importante menace sur le plan de la sécurité pour le Canada. Le lendemain, il a dit être « très lucide à propos de la Chine », qualifiant le pays de « menace au sein de la grande région de l’Asie et de Taïwan », et a affirmé qu’Ottawa devait « s’engager et prendre des mesures pour nous protéger » contre Beijing, une « menace émergente » dans l’Arctique.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a souligné la victoire de Mark Carney mardi, mentionnant que « la Chine est prête à développer ses relations avec le Canada sur la base du respect réciproque, de l’égalité et des avantages mutuels ».

Pendant la campagne, l’ambassadeur de la Chine au Canada, Wang Di, a demandé une entrevue avec La Presse canadienne. Il a soutenu que « la Chine représente une opportunité pour le Canada, pas une menace », et a suggéré que les deux parties étaient « du bon côté de l’histoire », par opposition à « l’intimidation » de l’Amérique.

Beijing a adouci le ton à l’étranger, alors qu’elle est confrontée à une économie stagnante et aux droits de douane exorbitants de Donald Trump.