Relations entre le Canada et l’Inde : d’une reprise diplomatique à des résultats dans des secteurs stratégiques

Mark Craney and Modi at the G7 Summit in Alberta, 2025
Photo credit / crédit photo : Indian Prime Minister's Office, 2025, "PM holds a bilateral meeting with the Prime Minister of Canada, Mr. Mark Joseph Carney," (6/18), https://tinyurl.com/9j2mwvv4. Published under: GODL India.

Les relations entre le Canada et l’Inde montrent les premiers signes d’une reprise après un gel diplomatique prolongé qui a débuté en septembre 2023. Une avancée décisive a été réalisée lors d’une réunion constructive entre les deux premiers ministres, Mark Carney et Narendra Modi, en marge du sommet des dirigeants du G7 à Kananaskis, en Alberta, en juin 2025. Les deux dirigeants ont convenu de relancer les engagements ministériels et opérationnels de haut niveau dans des domaines, tels que l’intelligence artificielle (IA), le gaz naturel liquéfié (GNL), les minéraux critiques et la résilience des chaînes d’approvisionnement. Les dirigeants ont également demandé aux responsables de prendre des mesures pour relancer les mécanismes de coopération existants, notamment les dialogues stratégiques, commerciaux et énergétiques à l’échelon ministériel, les consultations entre les ministères des Affaires étrangères, la réunion du comité mixte sur l’environnement et d’autres groupes de travail mixtes spécifiques à certains secteurs. La rencontre entre M. Carney et M. Modi a été suivie par des réunions entre les responsables des forces de l’ordre sur les préoccupations communes en matière de sécurité et par la réintégration des hauts-commissaires au début septembre.

Le 19 septembre, le vice-ministre canadien des Affaires étrangères, David Morrison, a conduit une délégation d’Affaires mondiales Canada à New Delhi pour des discussions avec le ministère indien des Affaires étrangères. New Delhi a qualifié cette réunion de « consultations préalables des ministères des Affaires étrangères » visant à rétablir la stabilité dans les relations bilatérales. Les deux parties ont convenu de relancer les mécanismes de dialogue dans les domaines du commerce, de la défense, de l’énergie, de la coopération nucléaire civile, des minéraux critiques, de l’espace, des sciences et technologies, et de l’agriculture. Les consultations des ministères des Affaires étrangères, qui se sont tenues pour la dernière fois à Ottawa en avril 2023, pourraient reprendre, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, ayant fait part de son intention de se rendre prochainement en Inde.

Au même moment, le 20 septembre, la conseillère canadienne à la sécurité nationale et au renseignement, Nathalie Drouin, a rencontré son homologue indien, Ajit Doval, à New Delhi, où ils ont discuté de leurs préoccupations respectives en matière de sécurité et convenu d’échanger des renseignements.

Cette reprise bilatérale intervient dans un contexte d’incertitude mondiale, de choc économique et d’intensification des rivalités géopolitiques. Face à une concurrence stratégique avec Beijing et à des tensions accrues avec Washington, New Delhi a besoin de partenaires fiables dans les domaines de la sécurité énergétique, de la collaboration technologique, des investissements étrangers et de l’action climatique. En août, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 50 % sur les importations indiennes, dont une taxe punitive de 25 % liée aux achats de pétrole russe. Ottawa, quant à elle, diversifie ses partenariats économiques au-delà des États-Unis et de la Chine et considère l’Inde comme un partenaire clé dans la région indo-pacifique. Les deux capitales restent attachées à un ordre commercial fondé sur des règles et à un multilatéralisme efficace et représentatif.

La voie de la reprise à un réengagement complet – couvrant le commerce, la technologie, les minéraux critiques, l’énergie et la coopération régionale – ne sera pas facile, mais il est dans l’intérêt des deux pays. Une coopération renforcée aidera les deux pays à gérer les technologies émergentes, à réduire les risques liés aux chaînes d’approvisionnement et à renforcer la résilience économique tout en assurant la sécurité nationale. Ces priorités sont désormais au centre des programmes d’économie et de sécurité du Canada et de l’Inde.

Premier enjeu stratégique : coopération économique, commerce et investissement

Le commerce de marchandises entre le Canada et l’Inde a progressé de 61 % de 2015 à 2024 pour atteindre 13,3 milliards $ CA en 2024. Les importations (en hausse de 103 %) ont augmenté plus rapidement que les exportations (en hausse de 23 %). En ce qui concerne le commerce des services, les échanges commerciaux entre le Canada et l’Inde ont connu une forte croissance de 2015 à 2023. En effet, ils sont passés de 2,6 milliards $ CA en 2015 à 17,3 milliards $ CA en 2023, soit une multiplication par six. Les exportations canadiennes de services, largement tirées par les voyages – en particulier les dépenses liées à l’éducation et aux voyages d’affaires des ressortissants indiens – ont bondi de 976 %, tandis que les importations de services ont augmenté de 151 % au cours de la même période.

Dans le contexte géopolitique actuel, le Canada a pour priorité de conclure des partenariats fiables et durables dans ses principaux secteurs d’exportation : l’énergie (le pétrole, le gaz et le charbon), les métaux et les minéraux précieux, l’automobile, l’aérospatiale, l’agriculture et l’agroalimentaire, la foresterie et les services. Parmi ses partenaires indo-pacifiques, l’Inde offre une envergure comparable à celle de la Chine, avec une forte demande en énergie, en minéraux critiques, en produits agricoles, aérospatiaux et forestiers, ainsi qu’en technologies et en investissements nécessaires pour faire progresser plusieurs de ces secteurs.

Ayant pour objectif de devenir un pays développé d’ici 2047, l’Inde s’efforce de stimuler l’industrie manufacturière et d’attirer des partenariats dans des secteurs prioritaires, notamment les infrastructures, les énergies propres, l’électronique et les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques, le numérique et les technologies financières, l’agroalimentaire et l’automobile, y compris les véhicules électriques (VE). En réponse aux récentes mesures tarifaires américaines, New Delhi cherche à diversifier ses partenaires commerciaux tout en maintenant des relations stables avec la Chine. Cependant, leur rivalité régionale, les préoccupations de sécurité liées à leur différend frontalier non résolu et un déficit commercial d’environ 100 milliards $ US incitent l’Inde à la prudence quant à une intégration économique plus poussée avec la Chine.

L’examen des importations indiennes de pétrole russe et la dépendance croissante de Moscou vis-à-vis de Beijing risquent de limiter la poursuite de la coopération économique entre l’Inde et la Russie. Parallèlement, l’Inde renforce ses liens avec le Japon, l’Union européenne, l’Australie et d’autres pays occidentaux afin de faire progresser ses objectifs de développement et de diversifier ses partenariats économiques et technologiques. Le Canada peut se positionner comme un partenaire fiable pour répondre aux besoins de l’Inde en matière de technologie, d’investissement, d’énergie et de sécurité alimentaire.

Les négociations en vue d’un accord bilatéral de partenariat économique global ont débuté en 2010, à la suite d’une étude conjointe soulignant ses avantages, mais elles ont été interrompues après le dixième cycle de négociations en 2017. En 2022, les efforts se sont orientés vers un accord commercial préliminaire plus limité, mais les négociations ont été suspendues en septembre 2023 en raison de tensions politiques croissantes. Lors du sommet du G7 de juin 2025, Carney et Modi ont manifesté leur intérêt pour la reprise des négociations. Cependant, en l’absence d’accord, les barrières tarifaires et non tarifaires – notamment les droits de douane élevés sur les produits agricoles, les automobiles, les engrais et les produits forestiers, les changements réglementaires, l’absence d’un cadre commercial numérique et un élan politique limité – continuent de limiter le plein potentiel de l’engagement économique bilatéral.

Deuxième enjeu stratégique : intelligence artificielle et technologies émergentes

Contexte canadien

Le Canada se positionne comme un chef de file mondial dans le domaine de l’IA grâce à des centres de recherche à Montréal, Toronto et Edmonton. Ces centres sont soutenus par la Stratégie pancanadienne en matière d’IA de l’Institut canadien de recherches avancées (ICRA), la première stratégie nationale d’IA dans le monde, lancée en 2017. Le Canada accueille environ 10 % des meilleurs chercheurs mondiaux en IA, ce qui le place au deuxième rang mondial en termes de concentration, et occupe la première place du G7 pour le nombre de publications de recherche en IA par habitant. En 2022-2023, le pays comptait plus de 140 000 professionnels actifs dans le domaine de l’IA (il s’agit d’une augmentation de 29 % par rapport à l’année précédente) et plus de 670 jeunes entreprises spécialisées dans l’IA.

En 2018, le Canada a lancé la grappe Scale AI afin d’encourager l’adoption de l’IA dans tous les secteurs. Scale AI mène actuellement des projets fructueux dans les domaines des soins de santé, de la logistique (ports intelligents et jumeaux numériques) et du développement durable (fabrication écologique), tout en faisant progresser la formation de la main-d’œuvre, les stratégies en matière de propriété intellectuelle et le soutien à l’adoption, illustrant comment l’écosystème canadien de l’IA s’étend de la recherche à l’innovation appliquée.

Le Canada a également joué un rôle de premier plan dans la promotion d’une IA responsable. Avec la France, il a cofondé le Partenariat mondial sur l’IA, présenté la Loi sur l’intelligence artificielle et les données (l’une des premières lois nationales proposées en matière d’IA) et élaboré un code de conduite volontaire visant un développement et une gestion responsables des systèmes d’IA générative avancés. En 2024, le Canada s’est classé premier dans l’indice de l’IA et des valeurs démocratiques, en raison de l’importance qu’il accorde à l’alignement de l’IA sur les droits de l’homme, la transparence et la sécurité.

En mai 2025, Ottawa a nommé son premier ministre de l’Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique, Evan Solomon. Cette nomination reflète l’intérêt accordé par le gouvernement à la transformation numérique, à l’adaptation des entreprises, à l’infrastructure nationale de données et à une législation responsable, ce qui souligne l’importance de l’IA en tant que priorité économique et sécuritaire.

Contexte indien

L’Inde progresse rapidement pour devenir un pôle mondial de l’IA grâce à sa mission pour l’intelligence artificielle. Dans le cadre de cette mission lancée en 2024, l’Inde a alloué 103 milliards de roupies (1,6 milliard $ CA) sur cinq ans pour construire l’une des plus grandes infrastructures informatiques d’IA au monde. Le gouvernement a aussi lancé la plateforme IndiaAI Dataset Platform afin de donner accès à des ensembles de données anonymisées et a créé des centres d’excellence dans les domaines des soins de santé, de l’agriculture et des villes durables. L’Inde développe également des modèles d’IA fondamentaux, tels que BharatGen (un grand modèle de langue multimodal), Sarvam-1 (pour les langues indiennes) et Avatar AI, ce qui reflète l’importance accordée aux applications multilingues et à la gouvernance. L’IA est également intégrée dans les infrastructures publiques numériques indiennes (p. ex. AadhaarUnified Payments Interface), ce qui permet des applications à grande échelle dans les domaines de la gouvernance et des services aux citoyens.

La mise à niveau des compétences d’une main-d’œuvre nombreuse en réponse aux pertes d’emplois induites par l’IA reste une priorité essentielle. L’initiative IndiaAI Future Skills vise à étendre l’enseignement de l’IA du baccalauréat au doctorat, grâce à des bourses et à la création de nouveaux laboratoires d’IA dans les villes de deuxième et troisième rangs. L’Inde représente désormais 16 % de la main-d’œuvre mondiale dans le domaine de l’IA et se classe au premier rang mondial en termes de pénétration des compétences en IA. Parallèlement, les universités et les instituts de recherche mettent au point des mesures de protection contre les risques d’atteinte à la vie privée et les menaces de cybersécurité afin de garantir une croissance inclusive et sécurisée de l’IA.

En 2025, l’Inde a coprésidé avec la France le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle 2025, ce qui souligne son rôle dans l’élaboration de la gouvernance internationale en matière d’IA. Pendant le Sommet, le premier ministre Justin Trudeau a signé la Déclaration commune des dirigeants sur l’IA inclusive et durable. Le Sommet sur l’impact de l’IA 2026, qui se tiendra à New Delhi, en Inde, les 19 et 20 février prochains, offre une autre occasion d’élargir les possibilités de collaboration entre le Canada et l’Inde.

Collaboration entre le Canada et l’Inde

Bien que la collaboration passe actuellement principalement par des plateformes multilatérales, telles que le G20 et le GPAI, il est possible de mettre en place un cadre bilatéral en matière d’IA. Les domaines potentiels comprennent la recherche conjointe sur l’IA responsable et la gouvernance des données, la R et D dans le domaine des semi-conducteurs et des puces, les centres de données écologiques et les partenariats en matière de cybersécurité afin de protéger les infrastructures critiques et les systèmes financiers. Cependant, des défis subsistent, notamment ceux liés aux préoccupations en matière de confidentialité des données et aux modèles divergents de gouvernance numérique, ainsi qu’aux questions de sécurité, y compris les cyberrisques et les sensibilités géopolitiques associées aux applications de l’IA dans le domaine de la défense. Néanmoins, les atouts du Canada en matière de gouvernance et d’infrastructures durables complètent ceux de l’Inde en matière de calcul, de données et de talents, créant ainsi des occasions pour façonner conjointement le paysage émergent de l’IA.

Troisième enjeu stratégique : minéraux critiques et sécurité énergétique

Contexte canadien

La Stratégie canadienne sur les minéraux critiques a vu le jour en 2022 dans le but de renforcer la capacité de production nationale, d’attirer des investissements et d’établir des chaînes d’approvisionnement mondiales sûres. Ottawa aligne sa stratégie sur les minéraux critiques sur le Plan d’action du G7 sur les minéraux critiques, lancé sous sa présidence en 2025. En collaboration avec ses partenaires du G7, le Canada s’est engagé à favoriser les investissements responsables, à promouvoir des marchés fondés sur des normes, à garantir la transparence et à diversifier les chaînes d’approvisionnement afin de réduire les vulnérabilités et de mettre en place une option aux réseaux d’approvisionnement dominés par la Chine.

Il est essentiel de se diversifier hors de Chine, compte tenu de la domination de Beijing dans le domaine du raffinage et de sa tendance à utiliser les contrôles à l’exportation comme un outil géopolitique coercitif. Réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis est également une priorité pour Ottawa, car Washington absorbe actuellement 59 % des exportations canadiennes, ce qui expose fortement le Canada aux fluctuations de la demande et aux décisions politiques américaines. L’Inde a notamment approuvé le Plan d’action du G7 sur les minéraux critiques en 2025, ouvrant ainsi la voie à une collaboration bilatérale et multilatérale plus approfondie dans les domaines du commerce, de la recherche et de la technologie afin de renforcer la résilience des chaînes de valeur des minéraux critiques.

Sur les 34 minéraux considérés par Ottawa comme critiques et prioritaires pour le développement économique et les investissements fédéraux, 22 figurent aussi sur la liste des minéraux critiques prioritaires de l’Inde, notamment le lithium, le graphite, le nickel, le cobalt, le cuivre et les éléments de terres rares, ce qui constitue une base solide pour la coopération bilatérale. Malgré cette convergence, les exportations canadiennes vers l’Inde restent minimes, représentant environ 2 % du total des exportations de minéraux critiques. La potasse, principal minéral critique exporté par le Canada vers l’Inde, a vu sa valeur chuter de manière spectaculaire, passant de 966 millions $ CA en 2022 à 571 millions en 2023, puis à 402 millions en 2024, son niveau le plus bas depuis avant 2020, en raison de la baisse des prix mondiaux. Au-delà de la potasse, les exportations sont principalement concentrées dans les déchets d’aluminium et de cuivre, les minerais de cuivre et le nickel non allié. Il existe un potentiel important pour développer le commerce du lithium, du cobalt, de l’uranium et des terres rares, alors que le Canada cherche à accroître sa production et sa capacité de raffinage.

Les modèles d’investissement soulignent encore davantage les occasions inexploitées. L’Australie est la principale destination des investissements canadiens dans les minéraux critiques de la région indo-pacifique, représentant 85 % (23 milliards $ CA) des investissements directs étrangers au Canada et 64 % (71 millions $ CA) des flux sortants du Canada pour la période 2020-2024. La Chine est le deuxième acteur majeur, avec 14,7 % (4 milliards $ CA) des investissements étrangers et près de 17 % (18,6 millions $ CA) des capitaux canadiens dirigés vers le pays au cours de la même période. L’Inde est pratiquement absente dans les deux sens, ce qui souligne la nécessité de favoriser les investissements bilatéraux et les mécanismes institutionnalisés susceptibles de débloquer des occasions communes dans les domaines du commerce, de l’exploration, du raffinage et de la collaboration en matière de recherche.

L’Institut des technologies des minéraux et des matériaux (CSIR) de Bhubaneswar, en Inde, et l’Université de Saskatchewan ont signé en septembre 2025 une déclaration d’intention visant à faire progresser la recherche sur les minéraux critiques. Ce partenariat constitue un exemple précoce de collaboration bilatérale visant à faire progresser la recherche et l’innovation dans le domaine de l’extraction et du traitement des minéraux, à promouvoir l’échange de connaissances et d’expertise, et à renforcer le développement des ressources humaines et les programmes universitaires.

Le Canada poursuit également son programme plus large en matière de sécurité énergétique. L’achèvement du projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain (TMX) en mai 2024 a permis d’augmenter la capacité d’exportation de pétrole, la Chine devenant le plus grand nouvel acheteur, tandis que les expéditions de GNL canadien vers l’Asie – livrées à la Corée du Sud en juillet 2025 – ont souligné le rôle du Canada en tant que fournisseur mondial d’énergie en pleine croissance. Bien que le Canada ne dispose actuellement pas d’infrastructures d’exportation de GNL vers l’Inde, il pourrait devenir une source future à mesure que l’Inde diversifie ses importations d’énergies classiques. En matière d’énergie propre, la Mission nationale pour l’hydrogène vert de l’Inde s’aligne sur les atouts du Canada en tant que producteur d’hydrogène à faible coût et à faible teneur en carbone, tandis que l’énergie nucléaire offre un autre domaine de synergie, la Saskatchewan se positionnant comme un fournisseur fiable d’uranium et un partenaire potentiel dans le domaine de la collaboration technologique.

Contexte indien

New Delhi s’est engagée à atteindre la carboneutralité d’ici 2070, en s’appuyant sur des objectifs d’augmentation de la capacité en énergie propre, de réduction des émissions de CO₂ et de diminution de l’intensité carbone. L’Inde est actuellement confrontée à d’importants défis en matière de transition énergétique, notamment des problèmes d’intermittence et de stabilité du réseau, car les sources renouvelables telles que l’énergie solaire et éolienne ne peuvent pas fournir une alimentation électrique constante. L’investissement dans le stockage d’énergie et les réseaux électriques flexibles est un domaine dans lequel le Canada peut apporter sa contribution grâce à son expertise technologique et à ses partenariats d’investissement. Le leadership du Canada en matière de captage, d’utilisation et de stockage du carbone offre également des possibilités de collaboration.

Les minéraux critiques, essentiels aux technologies liées aux énergies renouvelables telles que les batteries, les panneaux solaires et les éoliennes, pourraient aussi faire l’objet d’une coopération bilatérale plus étroite. Parallèlement, l’Inde investit dans des systèmes de défense aérospatiale indigènes et développe un écosystème de semi-conducteurs, des secteurs qui, à l’instar de ses objectifs de transition énergétique, dépendent d’un accès sécurisé aux minéraux critiques. Pour atteindre ses objectifs de transition énergétique et de sécurité énergétique, New Delhi devra se diversifier hors Chine, dont les récentes restrictions sur les exportations de minéraux critiques vers l’Inde présentent des risques importants. Afin de renforcer ses capacités, l’Inde a lancé en janvier 2025 sa mission nationale pour les minéraux critiques, qui cible l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’exploration et de l’exploitation minière au traitement et à la récupération des produits en fin de vie. Le premier ministre Modi a récemment réaffirmé l’importance stratégique de cette mission, soulignant que l’exploration de minéraux critiques est déjà en cours sur plus de 1 200 sites. Cependant, pour développer ses capacités tout au long de la chaîne de valeur, l’Inde aura besoin de partenaires capables de lui fournir un approvisionnement fiable et d’apporter leur expertise technique et leur potentiel d’investissement. Grâce à ses vastes ressources minérales, son savoir-faire en matière d’exploitation minière, ses investissements et ses technologies de raffinage, le Canada peut soutenir les efforts d’exploration de l’Inde et contribuer à renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement.

Collaboration entre le Canada et l’Inde

La collaboration future peut s’étendre aux énergies classiques et aux énergies propres. Le Canada peut fournir des minéraux essentiels, du pétrole brut, du GNL, de l’uranium et de l’hydrogène, tout en soutenant la chaîne de valeur des minéraux critiques de l’Inde grâce à des coentreprises dans les domaines de l’exploration, du traitement, de la fabrication de batteries et du recyclage. En fournissant des ressources, en partageant des technologies de raffinage et en co-investissant dans des usines et des industries en aval, le Canada peut aider l’Inde à accroître sa capacité nationale, à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine et à s’intégrer dans une chaîne d’approvisionnement sûre pour l’Indo-Pacifique.

Conclusion

Si Ottawa et New Delhi ont entamé un processus de reprise bilatérale, il faudra toutefois un engagement soutenu de haut niveau et une volonté de trouver un terrain d’entente dans des secteurs stratégiques clés où les deux parties ont tout à y gagner pour exploiter pleinement le potentiel de leur relation. Ces secteurs – notamment le commerce, l’investissement, les énergies propres et classiques, la technologie et les minéraux critiques – subissent une pression croissante due à la concurrence entre les grandes puissances et aux perturbations mondiales. Le renforcement de la coopération dans ces domaines sera essentiel pour établir une relation bilatérale plus solide qui profitera aux parties prenantes des deux pays.

Suvolaxmi Dutta Choudhury

Suvolaxmi Dutta Choudhury est gestionnaire de programme pour l’Asie du Sud au sein de la FAP Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en politique internationale de la Jawaharlal Nehru University (Inde). Ses recherches portent sur les droits de citoyenneté, la migration, le nationalisme, les conflits ethniques et la gouvernance démocratique en Inde.

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Tanya Dawar

Tanya Dawar est chercheuse au sein de l'équipe de l'Asie du Sud à la Fondation Asie-Pacifique du Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en politiques publiques et affaires mondiales de l’Université de la Colombie-Britannique, d’une maîtrise en économie de l’Indian Institute of Foreign Trade et d’un B.Sc. en sciences économiques. en mathématiques (avec distinction) de l'Université de Delhi. 

Les intérêts de recherche de Tanya comprennent le commerce international, les questions environnementales et la politique mondiale.

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Zoraver Cheema

Zoraver is Research Scholar for South Asia at the Asia Pacific Foundation of Canada. He holds a Bachelor's in Global and International Studies from Carleton University’s Arthur Kroeger College of Public Affairs and recently earned a Master’s degree from Columbia University (GSAS/SIPA) in the United States. His research focuses on economic nationalism, international political economy, international trade, and nationalism theory — with a particular focus on how diaspora politics informs the formulation and orientation of foreign policy.
 
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