Note d’information en appui au Dialogue Inde–Canada semi-officiel sur les minéraux critiques et la résilience des chaînes d’approvisionnement organisé par la Fondation Asie Pacifique du Canada le 25 novembre 2025 à New Delhi, en Inde.
Le Sommet du G7, accueilli par le Canada en juin 2025, a marqué un tournant décisif dans le renouvellement des relations entre le Canada et l’Inde, après près de deux années de tensions diplomatiques. La rencontre entre le premier ministre Mark Carney et le premier ministre Narendra Modi, à cette occasion, a relancé les échanges bilatéraux autour de priorités stratégiques communes telles que le commerce, la technologie et la sécurité des ressources. L’un des principaux résultats a été l’adhésion de l’Inde au Plan d’action du G7 pour les minéraux critiques du Canada – une évolution qui reflète l’harmonisation croissante des deux pays à l’égard de la transition vers les énergies propres et de la résilience des chaînes d’approvisionnement dans un contexte de concurrence mondiale accrue.
Dans la foulée de cet élan, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, s’est rendue en Inde du 12 au 14 octobre 2025. Parmi les principales discussions figurait l’avancement d’une coopération énergétique propre et sécurisée, notamment la manière dont les réserves canadiennes de minéraux critiques, son expertise minière et ses technologies pourraient contribuer à répondre aux besoins de sécurité énergétique de l’Inde. Les deux parties ont également salué la poursuite des échanges sur l’approvisionnement en uranium et ont convenu de tenir le premier Dialogue annuel Canada–Inde sur les minéraux critiques en marge de la conférence de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (PDAC), à Toronto en mars 2026. Lors d’une rencontre ultérieure, le 13 novembre 2025 à New Delhi, le ministre canadien du Commerce international, Maninder Sidhu, a souligné l’importance de renforcer la collaboration et l’investissement dans le secteur des minéraux critiques.
Les récentes affectations budgétaires au Canada et en Inde témoignent de la priorité croissante accordée par chacun des pays au secteur des minéraux critiques. Depuis l’annonce de sa Stratégie sur les minéraux critiques en décembre 2022, le Canada a engagé environ 4 milliards $ CA pour soutenir la production de minéraux critiques, dont environ 2,42 milliards $ CA en nouveaux fonds dans le budget fédéral de ce mois-ci afin de renforcer les capacités nationales et la résilience des chaînes d’approvisionnement. La pièce maîtresse de cette enveloppe est un Fonds souverain pour les minéraux critiques de 2 milliards $ CA, destiné à faciliter l’investissement dans des projets miniers, avec pour principal objectif de développer les capacités nationales de raffinage et de traitement – un domaine où les investissements et les partenariats étrangers stratégiques seront également essentiels.
En complément de ces mesures budgétaires, le Canada accélère la mise en œuvre de projets miniers stratégiques par l’intermédiaire du Bureau des grands projets – une unité fédérale de coordination lancée le 29 août 2025 par le premier ministre Carney afin de simplifier les processus d’approbation réglementaire et de construire plus rapidement les grands projets. Le 14 novembre 2025, Ottawa a ajouté trois grands projets de minéraux critiques à sa liste de « projets d’édification de la nation » : la mine de Sisson (tungstène–molybdène), le nickel de Crawford et le projet Nouveau Monde Graphite – Phase 2, situés respectivement au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Québec. Cette initiative vise à accélérer la délivrance des permis, à attirer les investissements privés et à renforcer la capacité en amont du Canada relativement aux minéraux essentiels aux chaînes d’approvisionnement de l’énergie propre et de la défense.
En Inde, le gouvernement a supprimé les droits d’importation sur environ 40 minéraux critiques dans les budgets de 2024 et de 2025 afin de faciliter l’expansion des importations de minéraux, grandement nécessaires. Pour renforcer les capacités nationales, il a également lancé la Mission nationale sur les minéraux critiques, destinée à soutenir toutes les étapes de la chaîne de valeur – de l’exploration et de l’extraction jusqu’au traitement et au recyclage – avec une enveloppe budgétaire d’environ 2,57 milliards $ CA sur sept ans, jusqu’en 2032. En juillet 2023, le ministère des Mines a publié une liste de 30 minéraux critiques, notamment le lithium, le cobalt, le nickel, le graphite et les éléments des terres rares, marquant une étape importante dans la définition des priorités minières de l’Inde et l’orientation des investissements et de l’exploration. Plusieurs réformes réglementaires ont été introduites afin d’élargir l’exploration et l’exploitation des minéraux critiques, d’encourager une plus grande participation du secteur privé et d’accroître l’engagement des gouvernements des États dans l’ensemble de la chaîne de valeur.
Ces mesures de politique publique surviennent dans un contexte de forte augmentation de la demande indienne en minéraux critiques. Les importations ont plus que doublé ces dernières années – passant de 3,03 milliards $ CA en 2020-2021 à 8,01 milliards $ CA en 2023-2024 – sous l’effet de la croissance rapide des véhicules électriques, des énergies renouvelables et de la fabrication de semi-conducteurs. Le Canada ne fournit actuellement qu’une faible part des exportations totales de minéraux critiques à destination de l’Inde – environ 2 % en 2023 et en 2024 – tandis que la majorité des intrants essentiels de l’Inde, c.-à-d. le lithium, le cobalt, le nickel et les terres rares, proviennent principalement de Chine. Les réserves nationales étant insuffisantes pour répondre aux besoins prévus, l’Inde complète ses réformes internes par un réseau croissant de partenariats internationaux afin de sécuriser, de transformer et de financer ses chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques, en plus d’en réduire les risques.
À mesure que les initiatives fédérales gagnent en dynamisme des deux côtés, la prochaine phase de la collaboration canado-indienne reposera de plus en plus sur un engagement infranational. Dans les deux pays, les provinces et les États détiennent la compétence sur les ressources naturelles et jouent un rôle clé dans les projets de minéraux critiques, les installations de transformation et les écosystèmes d’investissement. La compréhension de ces points forts et de ces occasions à l’échelle infranationale sera essentielle pour cerner les possibilités concrètes de partenariat tout au long de la chaîne de valeur.
Paysage infranational des minéraux critiques du Canada
Neuf gouvernements infranationaux au Canada – soit l’Alberta, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Québec – ont adopté leurs propres stratégies sur les minéraux critiques. Les stratégies des cinq principales provinces productrices de minéraux critiques sont décrites ci-dessous, avec leurs liens actuels avec l’Inde et les perspectives émergentes.
- Québec
La province de Québec a été la première à adopter un Plan de développement des minéraux critiques et stratégiques (2020-2025), établissant un cadre quinquennal pour la croissance du secteur. Soutenu par des incitatifs politiques ciblés, le Québec représentait environ 38 % de la production totale canadienne de minéraux critiques en 2022, soit la part la plus élevée parmi les provinces. Il abrite également l’un des ensembles les plus diversifiés de ressources en minéraux critiques, y compris du lithium, du nickel, du cobalt, du graphite et des terres rares, essentiels à l’écosystème des batteries de véhicules électriques et des technologies propres.
Compte tenu de la baisse de la demande des véhicules électriques sur le marché américain – en partie en raison de la réduction des incitatifs fiscaux qui rend les véhicules électriques relativement plus coûteux pour les consommateurs –, le Québec cherche de plus en plus à diversifier ses débouchés vers des marchés à forte croissance. L’Inde, où les ventes de véhicules électriques et la demande de minéraux pour batteries connaissent une forte progression, représente un partenaire naturel, bien que les investissements indiens dans le secteur des minéraux critiques du Québec soient historiquement absents. Le fonds de pension québécois, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), a toutefois investi plus de 10 milliards $ CA au 31 décembre 2024 en Inde, dans les secteurs de l’énergie renouvelable, des infrastructures, de l’immobilier et du capital-investissement – mais pas dans des projets de minéraux critiques.
Il existe également un important potentiel inexploité dans le commerce des minéraux critiques et stratégiques. Les exportations québécoises vers l’Inde restent limitées : moins de 1 % en ferro-niobium et environ 7 % en aluminium et débris de cuivre, les États-Unis demeurant le principal marché d’exportation de ces produits.
- Ontario
L’Ontario a présenté sa Stratégie sur les minéraux critiques (2022-2027) en mars 2022 afin de renforcer la géoscience, d’élargir le traitement national, de moderniser la réglementation et de bâtir des chaînes d’approvisionnement locales. La province possède d’importants gisements de nickel, de lithium, de cobalt, de platine et de graphite, ainsi que plus de 130 projets d’exploration en phase initiale et 16 en phase avancée. Disposant déjà d’installations de fusion et de raffinage du nickel, du cuivre, du cobalt, de l’uranium et des éléments du groupe du platine, l’Ontario joue un rôle central dans les chaînes de valeur nord-américaines liées à l’énergie propre et aux batteries pour véhicules électriques. Pour renforcer davantage sa capacité de traitement, le gouvernement ontarien a investi 500 millions $ CA en mai 2025 dans un nouveau Fonds pour le traitement des minéraux critiques afin d’accroître le raffinage national et de réduire l’exposition aux risques de marché externes, tels que les droits de douane américains et l’incertitude économique mondiale.
La province fait également progresser les initiatives de recyclage des batteries et de récupération des minéraux afin de promouvoir l’économie circulaire, en particulier pour le nickel, le lithium, le cobalt, le manganèse et le graphite. Sur le plan commercial, les exportations de l’Ontario vers l’Inde en 2024 ont principalement porté sur les débris d’aluminium et de cuivre, ce qui représente environ 9 % du total des exportations, laissant ainsi une marge d’expansion dans les minéraux critiques raffinés. Bien que les fonds de pension ontariens – notamment le Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (RREO), le Régime de pensions du Canada (RPC) – ainsi que des sociétés d’investissement telles que Brookfield Corporation investissent activement dans les infrastructures, les services financiers, les télécommunications et l’immobilier de l’Inde, ils n’ont pas encore pénétré officiellement le secteur minier ou des minéraux critiques – un écart qui pourrait se réduire grâce à des cadres fédéraux ou provinciaux de facilitation du commerce et de l’investissement.
- Saskatchewan
La Saskatchewan a dévoilé sa Stratégie sur les minéraux critiques en mars 2023 pour stimuler la croissance et attirer les investissements dans le secteur. Après le Québec, la province était responsable de 31 % de la production canadienne de minéraux critiques en 2022, soutenue par des projets avancés et des mines actives d’uranium, de potasse et d’hélium. La Saskatchewan est également un partenaire de longue date de l’Inde, elles qui collaborent dans les secteurs des engrais, de l’agroalimentaire et des minéraux critiques.
En septembre 2022, des entreprises d’engrais indiennes ont signé un protocole d’entente à long terme avec Canpotex, un exportateur de potasse basé en Saskatchewan, pour la prestation de jusqu’à 1,5 million de tonnes par année. Plus récemment, en mars 2025, l’Université de la Saskatchewan et l’Institut indien de technologie des minéraux et des matériaux (CSIR-IMMT) ont signé une déclaration commune d’intention afin de mener des recherches sur les minéraux critiques en collaboration. La potasse – minéral critique essentiel utilisé comme engrais dans le secteur agricole – représentait environ 63 % des exportations de minéraux critiques de la Saskatchewan vers l’Inde en 2023.
Pour approfondir cette collaboration, le renouvellement de l’accord d’approvisionnement en uranium entre le Canada et l’Inde, en suspens depuis 2020, pourrait bénéficier aux parties prenantes des deux côtés. Les exportations d’hélium en provenance de la Saskatchewan demeurent également limitées, malgré l’importance de cet élément pour les secteurs indiens en croissance des semi-conducteurs, de l’aérospatial et des technologies nucléaires. C’est sans compter les flux d’investissement bilatéraux qui demeurent faibles, soulignant le potentiel d’une coopération accrue dans les chaînes de valeur minières et énergétiques propres.
- Terre-Neuve-et-Labrador
Terre-Neuve-et-Labrador a lancé son Plan sur les minéraux critiques en novembre 2023, prévoyant des investissements de 4,3 millions $ CA dans la géoscience des minéraux critiques en recourant à des techniques novatrices, notamment l’intelligence artificielle et les technologies de télédétection, ainsi qu’un financement pour plusieurs projets d’exploration de minéraux critiques. La province représentait 7,18 % de la production canadienne de minéraux critiques. Elle compte 25 minéraux critiques et est une importante productrice de nickel, de cuivre, de zinc et de cobalt, avec un potentiel émergent pour les éléments des terres rares. Bien que Terre-Neuve-et-Labrador exporte des minéraux critiques à l’échelle mondiale – notamment vers la Chine en Asie –, les exportations vers l’Inde demeurent minimes, se limitant principalement au nickel, à de faibles volumes de débris métalliques et à quelques envois mineurs de batteries au lithium-ion. L’Inde ne constitue pas encore une destination importante pour les exportations provinciales de minéraux critiques, ce qui met en lumière un potentiel considérable, encore inexploité, en matière de commerce et d’investissement, au moment même où la demande indienne de ces minéraux ne cesse de croître. Une collaboration étroite entre la province et les acteurs indiens du secteur des minéraux critiques pourrait permettre de concrétiser ces possibilités.
- Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique a lancé la phase 1 de sa Stratégie sur les minéraux critiques en janvier 2024, définissant 11 actions prioritaires pour développer le secteur provincial des minéraux critiques, tout en maintenant des normes environnementales, sociales et de travail élevées. La province abrite des projets avancés, des fonderies et des mines produisant du niobium, de l’aluminium, du zinc, du bismuth, de l’indium et du germanium, et est le premier producteur canadien de cuivre ainsi que le seul producteur de molybdène, essentiel à la fabrication avancée. Comptant plus de 1 100 entreprises minières actives à l’échelle mondiale et 944 sociétés cotées en bourse ayant leur siège dans la province, la Colombie-Britannique dispose d’un vaste bassin d’expertise minière et de capacités professionnelles hautement développées.
Malgré cette solide base, les liens entre la Colombie-Britannique et l’Inde dans le secteur minier et des minéraux critiques demeurent limités. Les investissements et les partenariats en matière d’échanges technologiques ou d’expertise minière sont quasi inexistants des deux côtés. Sur le plan commercial, bien que les minerais et les concentrés de cuivre constituent une importante catégorie d’exportation, les expéditions vers l’Inde demeurent minimes pour les minéraux critiques à valeur ajoutée ou raffinés, sans exportations notables de lithium, de nickel ou de cobalt. Cela met en évidence un potentiel considérable pour renforcer la coopération en aval, notamment par des coentreprises, des collaborations en recherche et développement ainsi que des partenariats dans l’économie circulaire.
D’autres provinces et territoires – notamment l’Alberta, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon – présentent également un potentiel important. Les Territoires du Nord-Ouest comptent des projets avancés portant sur les terres rares, le cobalt, le bismuth et le cuivre, tandis que le Manitoba abrite des gisements de cobalt, de cuivre, de lithium, de nickel et de métaux du groupe du platine. L’Alberta, bien qu’à un stade précoce, affiche un fort potentiel géologique pour le lithium, le vanadium, les éléments des terres rares, l’uranium et l’hélium. Le Yukon dispose, pour sa part, de projets avancés portant sur le zinc, le cuivre et le tungstène.
À mesure que le paysage provincial canadien des minéraux critiques continue d’évoluer, il devient impératif d’approfondir les partenariats bilatéraux grâce à un engagement renforcé à l’échelle infranationale afin de tirer parti des nouvelles occasions offertes dans les domaines de l’approvisionnement, du traitement, de l’investissement et de la collaboration technologique.
Les dynamiques infranationales du paysage indien des minéraux critiques
À l’instar du Canada, les ambitions indiennes en matière de minéraux critiques sont de plus en plus façonnées par l’activité des États. Les permis d’exploration lancés en 2023 dans le but d’attirer les acteurs étrangers et privés dans les activités de prospection et de recherche portant sur 29 minéraux critiques et profonds – tels que la potasse, les métaux des terres rares, le lithium et le cobalt –, confient aux États un rôle majeur dans la facilitation des enchères et la promotion des partenariats d’exploration, d’exploitation et d’investissement tout au long de la chaîne de valeur. Soutenus par 1 200 projets d’exploration prévus entre 2024-2025 et 2030-2031, les États du Karnataka, du Rajasthan, du Maharashtra, du Madhya Pradesh et du Chhattisgarh se sont imposés comme précurseurs, regroupant la première vague de permis d’exploration mis aux enchères. Ces États, riches en cuivre, en lithium, en nickel, en métaux des terres rares, en potasse et en métaux de base, se positionnent comme les principales zones indiennes d’exploration et de développement en amont.
Au-delà de l’exploration, plusieurs États progressent le long de la chaîne de valeur. L’Odisha combine de solides réserves minérales à une infrastructure industrielle et métallurgique bien établie; le Rajasthan et le Madhya Pradesh mènent des projets pilotes de valorisation et de transformation, et le Karnataka met à profit son écosystème d’innovation pour la recherche en exploitation minière verte et en recyclage. Parallèlement, des États industriels tels que le Gujarat, le Maharashtra et le Tamil Nadu deviennent des pôles en aval, intégrant l’approvisionnement minéral aux industries des énergies propres, des véhicules électriques et des batteries. Cette diversification géographique relie la disponibilité des ressources à la capacité industrielle.
Pour des partenaires comme le Canada, cette évolution infranationale souligne l’importance d’un engagement différencié selon les régions. Les États axés sur l’exploration, comme le Rajasthan et le Karnataka, offrent des perspectives de transfert de technologies minières, de collaboration géologique et d’exploration conforme aux normes ESG, tandis que les États industrialisés, comme le Gujarat et le Maharashtra, présentent des possibilités de coentreprises en matière de traitement, de matériaux avancés et d’innovation en économie circulaire. L’établissement de partenariats adaptés aux besoins et aux capacités de chaque État et province peut ainsi approfondir davantage la coopération bilatérale.
Tracer la voie à suivre
À mesure que le Canada et l’Inde accélèrent leurs transitions vers les énergies propres, la coopération en matière de minéraux critiques peut évoluer du dialogue vers des partenariats concrets. L’expertise du Québec en raffinage du lithium pourrait convenir aux écosystèmes manufacturiers du Karnataka et du Gujarat, tandis que les secteurs de la potasse et de l’uranium de la Saskatchewan pourraient collaborer avec le Rajasthan et l’Odisha sur les technologies d’engrais et de raffinage. Pourtant, malgré ces complémentarités évidentes, aucun investissement bilatéral public n’a encore été recensé dans ce secteur, et les exportations se limitent à quelques minéraux, ce qui souligne la nécessité de renforcer le commerce, les investissements et la coopération technologique bilatéraux. L’Inde, puissance asiatique majeure dotée de nouveaux cadres politiques pour investir à l’étranger dans l’exploration, le développement, l’exploitation et la transformation de minéraux stratégiques afin d’assurer son approvisionnement domestique, représente une occasion unique pour le Canada de se positionner comme partenaire de choix.
Une feuille de route tournée vers l’avenir devrait privilégier l’harmonisation stratégique, les liens infranationaux et des mécanismes d’investissement conjoints afin de renforcer la résilience et la durabilité des chaînes d’approvisionnement. Le Dialogue annuel Canada–Inde sur les minéraux critiques proposé, dont la première édition est prévue lors de la PDAC 2026, pourrait servir de plateforme essentielle pour la coordination des politiques, l’harmonisation des normes et la facilitation des investissements. La création d’un groupe de travail conjoint sur les minéraux critiques dans ce cadre permettrait d’harmoniser les stratégies des deux pays – en mettant l’accent sur l’approvisionnement responsable, la traçabilité et l’intégration de l’économie circulaire.
Dans une perspective d’avenir, la conclusion d’un accord de commerce et d’investissement entre le Canada et l’Inde renforcerait la confiance des investisseurs et indiquerait une stabilité politique durable. Des efforts conjoints en matière de compétences et de traçabilité, combinés à la collaboration dans des cadres multilatéraux tels que le Minerals Security Partnership, l’Indo-Pacific Economic Framework et des forums comme le G7 (où l’Inde participe en tant que partenaire invité) et le G20, permettraient d’harmoniser davantage les objectifs de durabilité. En mettant en place des mécanismes institutionnels et des partenariats ciblés à l’échelle infranationale, le Canada et l’Inde peuvent mettre en œuvre un écosystème des minéraux critiques résilient, responsable et mutuellement bénéfique, contribuant à la sécurité énergétique et économique des deux pays.